Renouvelée en 2023, la Fondation APRIL a pour mission d’explorer et d’expérimenter de nouvelles approches de promotion de la santé et de la prévention, de partager les apprentissages et de fédérer tous les acteurs sur l’ensemble des territoires, au plus proche des individus et des populations. Depuis 2 ans, la Fondation APRIL étudie les apports des sciences comportementales dans la construction d’une culture partagée de la promotion santé et dans l’amélioration de l’efficacité des dispositifs de prévention. Sophie Ferreira, Déléguée générale de la Fondation, dresse un premier bilan de son action et partage ses ambitions pour 2025.
Deux ans après son lancement, quel est le bilan de l’action de la Fondation APRIL ?
Sophie Ferreira : « En 2023, la Fondation APRIL a élargi ses missions pour initier le progrès en matière de promotion de la santé et de prévention, grâce à une approche ambitieuse et novatrice basée sur les sciences comportementales. Elles permettent de comprendre et d’expliquer l’écart entre la prise de conscience et les comportements réels des Français en matière de santé, et étudient les mécanismes qui font passer durablement de l’intention à l’action ainsi que le rôle de l’environnement social ou physique.
Depuis 2 ans, nous concentrons nos efforts sur un premier terrain d’expérimentation, clé dans l’adoption de comportements positifs : les jeunes adultes de 18 à 25 ans.
Point de départ de ce travail, nous avons mené une phase d’études et de diagnostics en partenariat avec BVA Institut, sous la direction de notre Conseil scientifique
En transparence, nous avons régulièrement communiqué sur le fruit de nos recherches : l’ensemble de nos travaux sont disponibles en open source sur le site web de la Fondation, parmi lesquels deux cahiers experts réalisés avec l’institut BVA. Nous prenons également régulièrement la parole, comme ce fut le cas aux Rencontres Economiques d’Aix en Provence en 2024.
En tant que Fondation agissante, nous sommes rapidement passés à l’action. Nous avons sélectionné deux projets que nous soutenons activement : un projet de recherche sur l’addiction aux écrans chez les jeunes et l’intérêt des thérapies comportementales familiales, projet mené par la Fédération pour la santé des étudiants de France et un projet d’évaluation de l’impact d’une exposition culturelle dédiée à l’alimentation sur la prise de conscience du lien entre nourriture et santé et sur le changement de comportement en matière de nutrition, projet porté par le centre culturel Les Subsistances à Lyon.
Nous avons également élaboré une exposition itinérante « POV : c’est ma santé » pensée pour les jeunes de 18 à 25 ans et mise à disposition gracieuse d’organismes publics et privés pour valoriser les résultats de nos recherches : cette exposition est déjà réservée plusieurs mois à l’avance par des associations et les pouvoirs publics, parmi lesquels la Ville de Lyon.
Deux ans après son lancement, la Fondation APRIL a ainsi pu renouveler nos manières de penser et faire la prévention et la promotion santé et contribué à renforcer la visibilité de ces sujets auprès des pouvoirs publics, premiers pas essentiels à l’élaboration de dispositifs de prévention robustes et efficaces. »
Quelles sont les priorités de la Fondation APRIL en 2025 ?
Sophie Ferreira : « La Fondation structure ses travaux autour de quatre axes : comprendre, agir, évaluer, éclairer.
« Comprendre », c’est-à-dire aborder la question de la promotion de la santé et de la prévention avec un regard nouveau et une approche novatrice autour des apports des sciences comportementales. Nous avons commencé à le faire en travaillant, par exemple, sur de l’écoute sociale et de l’ethnographie digitale pour comprendre ce que disent les jeunes de leur santé à travers les outils et canaux qu’ils utilisent. Nous allons poursuivre et accélérer dans cette voie pour contribuer à l’innovation en santé et permettre son appropriation par les acteurs de la santé publique. Nous envisageons notamment un partenariat avec des chercheurs en linguistique pour approfondir ce sujet de la culture de la santé des jeunes et formuler ainsi des recommandations en matière de communication envers eux.
« Agir », c’est penser le rôle de la Fondation comme un apporteur de services aux acteurs de la santé et aux décideurs publics : proposer des diagnostics pour valider la pertinence du recours aux sciences comportementales, définir les objectifs de changement de comportement recherché, aider au recrutement de bénéficiaires, à leur maintien dans un dispositif de prévention ou de soins ou encore mettre en œuvre des dispositifs d’évaluation des expérimentations. C’est ce que nous ferons dès le 2ème trimestre 2025, en soutenant un projet dédié à la lutte contre l’obésité chez les jeunes. Nous serons également très attentifs à l’impact de ces expérimentations : certaines seront très transformantes, d’autres moins et nous nous attacherons à partager ces résultats pour guider le travail des acteurs de terrain.
Evaluer : En 2025, nous travaillerons aussi sur le dispositif de notre propre évaluation. Quel impact ont nos actions ? Les services que nous proposons répondent-ils avec pertinence aux attentes des acteurs ? Quelle contribution avons-nous eu dans l’amélioration des projets soutenu, et in fine dans la santé ?
Enfin, « éclairer » pour diffuser la connaissance, la rendre compréhensible et accessible, pour qu’elle soit exploitée par les acteurs et portée à la connaissance de nos décideurs afin d’imaginer et mettre en œuvre des dispositifs efficaces et utiles de prévention et de promotion de la santé. Nous continuerons à communiquer en transparence et régulièrement, en nous attachant à produire des formats ludiques, pédagogiques et réexploitables. A titre d’exemple, nous publierons cette année notre 3ème cahier expert qui sera un véritable recueil commenté et analysé d’expérimentations et d’initiatives basées sur l’utilisation des sciences comportementales qu’elles aient été menées en France ou à l’étranger. »
La Fondation APRIL intervient principalement en France, comment travaillez-vous à l’international ?
Sophie Ferreira : « Le système de santé en France est unique au monde et le développement de véritables politiques publiques de la prévention est absolument essentiel pour pérenniser notre modèle social. . Pour autant, les problématiques de santé et enjeux de prévention que nous rencontrons sont universels : lutte contre les addictions, notamment liées aux écrans, développement des maladies chroniques que sont l’obésité ou le diabète ou encore protection de la santé mentale… Nous nous attachons donc à mettre à disposition l’ensemble de nos recherches et contenus à l’international – à travers notamment les entités du groupe APRIL déjà présent dans 19 pays. Nous portons l’ambition de valoriser des expérimentations menées à l’international; en Europe, en Asie ou en Amérique du Nord, pour encourager leur essaimage en France et réciproquement.
Cette dynamique traduit notre volonté d’adopter une approche novatrice, pour faire concrètement bouger les lignes, au bénéfice de la santé des populations. »